Transcription de texte ancien et notes par Manuscrit & Esperluette

Lettre originale de Jeanne de Gondi, prieure de Saint-Louis de Poissy, à Michel de Castelnau de la Mauvissière, du 25 janvier [1587]. Lettre holographe.

Bibliothèque nationale, Cinq cents de Colbert, cote 472 - III, pages 437-438.

Manuscrit original numérisé sur :

https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10033936z/f228.item

 

 

 

 

 

 

Princesse de la Renaissance d'une huitaine d'années

 

(Attribué à Sofonisba Anguissola [c. 1535-1625]. Huile sur panneau de bois, c. 1560. Collection privée)



Une petite fille au couvent remercie son père pour l'envoi de livres de musique

 

Ce document est la seconde lettre écrite par Janne ou Jeanne de Gondi de Retz, prieure du couvent de Saint-Louis de Poissy, à Michel de Castelnau de la Mauvissière, ancien ambassadeur de France en Angleterre (1575-1585). Il est depuis peu rentré en France avec une partie de sa famille, et notamment sa fille Catherine-Marie, nouvelle élève au couvent, dont il est question dans la lettre.

 

Nous avons exposé le contexte et les protagonistes dans la présentation de la première lettre, et nous renvoyons donc à la page de celle-ci (voir la lettre de Jeanne de Gondi à Michel de Castelnau de la Mauvissière du 12 janvier [1587]). De même pour la bibliographie. Dans cette lettre, Jeanne de Gondi s'excuse de ne faire qu'un bref billet (elle a reçu des visiteurs), et excuse son élève de ne pas écrire de son côté à son père (la « haste du porteur » : celui qui portera la lettre est pressé, mention fréquente dans les lettres de l'époque). Mais elle exprime en post-scriptum les remerciements de la petite fille pour l'envoi de livres de musique. Nous savons que Catherine-Marie de Castelnau avait appris en Angleterre à très bien jouer de plusieurs instruments de musique (cf. la présentation de la lettre du 12 janvier), sans que nous sachions précisément lesquels. La façon dont la formation musicale était assurée auprès des enfants de l'aristocratie à cette époque est encore largement méconnue.

Comme la précédente lettre, celle-ci ne comporte pas d'année, mais nous la datons également de 1587 en raison de sa très grande proximité de ton, de style et de sujet. On voit encore la prieure de Poissy rassurer le père sur l'accueil très récent fait à sa fille au couvent.

 

L'écriture du corps des deux lettres est différente. Le recours à des secrétaires pour rédiger les lettres est fréquent à l'époque, leur écriture est bien souvent plus lisible ou plus conforme à la mode du temps que celle des aristocrates qu'ils servent. La première lettre (du 12 janvier) est de la main d'un tel secrétaire, sans doute une secrétaire, une des soeurs du couvent. L'écriture de cette seconde lettre (du 25 janvier) est celle qui se rapproche le plus de la graphie de la signature, et nous la considérons donc entièrement écrite de la main de la prieure de Poissy (holographe).

 

Le verso de la lettre porte l'adresse du destinataire (transcrite ci-dessous en début de texte) et à la verticale une mention de classement d'archives sans doute de la main d'un secrétaire du destinataire : « Lettre de Madame de Poissy ».

 

 

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          A Monsieur, Monsieur de Mauvissiere,

 

          Monsieur, j'ay beaucoup de regret de n'avoir loisir de respondre à vostre lettre mais il més1 impossible d'effectuer la voulonté que j'an avois pour de la compagnie qui me vient d'arriver. Je vous assureray seulement par ce mot de la bonne santé de nostre petite fille, laquelle j'auray toujours en pareille recoumandation que la sauriez desirer & ne tiendra à moy qu'elle ne soit accomplie en toutes les vertus & siences dont elle a quelque peu de commancement, souhaitant de tout mon cœur de les luy voir acroistre & de pareille affection que je vous baise bien humblement les mains, priant Dieu vous donner,

 

          Monsieur, très heureuse & longue vie. A Poissy ce xxve janvier P2.

 

          (Je vous suplie d'excuser nostre fille cy elle ne vous escript pour la haste du porteur. Elle vous mercie très humblement des livres de musique que luy avez envoié.)

 

          Vostre humble & bonne amye

          [signature] Sr3 Janne de Gondy, prieure de Poissy

 

 

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Notes

 

1 Sic, pour « il m'est ».

 

2 Plutôt qu'un chiffre, nous interprétons le signe comme un grand « P » majuscule. On ne peut en effet y voir un « 9 » par exemple, qui serait illogique vu le contexte que l'on connaît par ailleurs, ni un « 7 » qui correspondrait à la bonne année 1587 mais est complètement illisible comme tel dans ce signe. Nous nous basons sur un signe présent dans d'autres lettres dont la date est connue et variable où un tel signe est précédé d'un « de » (pour « de p(résent) » ?) : cf. la lettre de François de Castelnau, abbé de Cuissy, à Madame de Mauvissière, du 15 octobre [1585], f°389 du même recueil de lettres BNF Cinq-Cents de Colbert, cote 472-III.

 

3 Pour « Soeur ».


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Indexation des noms de personnes

  • Jeanne de Gondi de Retz (fl. 1587-1623)
  • Michel de Castelnau de la Mauvissière (1517-1592)
  • Catherine Marie de Castelnau  (1579?-1612)

Indexation des noms de lieux

  • Poissy (Yvelines). Couvent Saint-Louis